Pie-grièche écorcheur

Une sentinelle menacée de nos campagnes
Comme les quatre autres espèces de Pie- grièche présentes en France, la Pie-grièche écorcheur est une sentinelle de nos espaces ruraux. Sa sensibilité au milieu environnant est en effet un bon indicateur du fonctionnement des écosystèmes liés à l'agriculture. Si elle disparaît, c'est le signe que tout un réseau de faune et de flore est atteint. En travaillant à la préservation de cet oiseau, les agriculteurs contribuent à la préservation de la biodiversité et de nos paysages.

Portrait
La Pie-Grièche écorcheur est l'espèce la plus répandue en France comparée aux autres pies-grièches (grise, méridionale, à tête rousse et à poitrine rose). Elle tient son nom de sa technique de chasse; elle accroche ses proies sur les épines des buissons, sur des brindilles ou des objets fins et pointus y compris fabriqués par l'homme, pour se faire des réserves de nourriture. Elle est facilement repérable par son plumage blanc rosé et brun, et surtout sa tête grise et son bandeau noir sur l'œil.
La Pie-grièche écorcheur est une espèce bio-indicatrice d'un milieu campagnard riche et diversifié, avec des haies, des herbages et une entomofaune (insectes) abondante. Sa disparition d'un site est souvent un signe d'appauvrissement de l'ensemble de l'écosystème. L'espèce constitue ainsi une sentinelle de la qualité des milieux ruraux.
Seule la Pie-grièche écorcheur est encore présente dans le Gers, suite à la disparition de la Pie-grièche à tête rousse dans les années 2000. Elle est présente sur les 34 sud de notre département, délaissant une partie de la Lomagne, du Savès, du Ténarèze et de l'Armagnac, faute de trouver des milieux favorables.

Menaces et perspectives
La Pie-grièche écorcheur est une espèce très dépendante du maillage de haies et des prairies, comme le souligne une étude menée à l'échelle du Savès par le Groupe Ornithologique Gersois. Plusieurs communes de cette petite région ont en effet été arpentées par les membres de l'association, à la recherche des couples reproducteurs. Résultat : 16 couples ont été trouvés sur 19 communes prospectées, ce qui donne une estimation de 60 à 85 couples sur tout le Savès et 350 à 600 couples à l'échelle du département.
Ces dernières décennies, la Pie-grièche écorcheur a malheureusement régressé tant au niveau français qu'Européen. Le Gers et le Savès n'échappent pas à ce constat. Plusieurs facteurs expliquent ce déclin, comme la simplification du paysage rural (arasement des haies, retournement des prairies), la déprise agricole sur nos coteaux (colonisation par les ligneux des zones pastorales), l'utilisation d'engrais et de pesticides qui diminuent les ressources alimentaires, mais aussi l'urbanisation qui grignote et les infrastructures de transport qui fragmentent les habitats de notre pie-grièche...
Plusieurs mesures peuvent être mises en place pour favoriser et préserver cet oiseau emblématique de nos paysages agricoles. Il faut encourager en priorité :
• La conservation des haies et buissons en bordure de parcelles ou non, mesure primordiale pour la Pie-grièche écorcheur qui s'en sert comme site de nidification et poste d'affût ;
• Le maintien des éléments du paysage comme les bosquets, talus, fossés... et surtout de zones herbeuses (chemins enherbés, bandes enherbées, prairies, jachères, coin de champs en herbes folles...), qui sont autant de zones refuges de nombreux insectes et petits vertébrés, proies de la Pie-grièche écorcheur. Cette mosaïque est par ailleurs très favorables à toute la biodiversité liée aux espaces agricoles.
Enfin, il est nécessaire de souligner l'importance de la polyculture-élevage pour l'accueil de la Pie-grièche écorcheur sur notre territoire, grâce aux milieux partagés entre production agricole et biodiversité. L'avenir des pies-grièches dépendra donc étroitement des choix politico-économiques pour le soutien des éleveurs dans notre département et plus largement en France et en Europe.

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