Vallée de l’Adour

Dans le secret des Saligues

L'Adour est un fleuve encore indompté. En suivant son cours, on retrace son histoire et la formidable dynamique de l'eau qui érode les berges et le lit de la rivière, crée des bras morts, des bras secondaires, des zones humides. Cette instabilité, mal vécue par les agriculteurs riverains aujourd'hui spécialisés dans la monoculture du maïs, est pourtant à la source d'une grande diversité animale et végétale. Sur les berges de l'Adour, 1400 espèces végétales ont été dénombrées. Les saligues se développent le long de l'Adour. Ce sont des peuplements désordonnés de Saules et Aulnes, accompagnés de broussailles (Ronces et Aubépines). Plus à l'abri des crues se trouvent des Chênes pédonculés, Frênes, Robiniers, ou des plantations de Peupliers et Platanes; aujourd'hui encore, mais de plus en plus rarement, le tapis herbacé, assez sec l'été, est utilisé comme pâturage. La ripisylve abrite une faune secrète et de nombreuses espèces profitent de ces lieux sauvages pour se reproduire. C'est le cas du Héron cendré (Ardea cinerea) dont les colonies peuvent s'établir dans les plus hauts arbres, en compagnie du Bihoreau gris (Nycticorax nycticorax) ou de l'Aigrette garzette (Egretta garzetta).
Le Milan noir (Milvus migrans) utilise lui aussi les boisements du bord de l'Adour pour bâtir son nid. Ce rapace migrateur est principalement charognard et débarrasse nos rivières et nos plans d'eau des cadavres de poisson, réduisant ainsi les risques de contamination en cas de maladie.
D'autres illustres animaux, plus discrets aussi, peuplent nos saligues : la Loutre (Lutra lutra) est peut-être encore présente dans la partie gersoise de l'Adour, des découvertes régulières dlndices alimentant ces présomptions. De nombreux bancs de galets et de graviers apparaissent au printemps sur le lit principal de l'Adour. C'est le domaine du Petit Gravelot (Charadrius dubius) dont les oeufs sont pondus à même le sol, dans une petite cuvette confectionnée lors des parades nuptiales. Les oeufs sont totalement mimétiques. La destruction d'une nichée par un prédateur est rare mais presque toujours liée à une crue survenant avant l'envol des jeunes.
Les berges de l'Adour, taillées par les eaux, sont parfois creusées de plusieurs trous et s'animent brusquement lorsque la colonie d'Hirondelles de rivage (Riparia riparia) revient de la chasse pour nourrir la progéniture, bien abritée au fond du tunnel dont la longueur peut atteindre un mètre. Le Martin pêcheur (Alcedo atthis) niche également dans un terrier creusé dans la berge du cours d'eau. et comme son nom l'indique, il se nourrit principalement de poissons de petites dimensions ou de jeunes alevins. Comme tous les grands fleuves, l'Adour forme un corridor de migration et attire en ce sens de nombreux oiseaux durant l'hiver. Parmi eux, le Grand Cormoran (Phalacrocorax carbo) a vu ses effectifs s'accroître depuis quelques années et on trouve aujourd'hui sur l'Adour des dortoirs qui comptent plusieurs dizaines d'oiseaux.

 

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